→ ÉLIANN& MORDRED« people die. Everywhere people die. »
Skinny.lOve
Il y avait quelque chose dans l'air. Un tension palpable qu'il n'arrivait pourtant pas à saisir. C'était différent. Et il ne s'agissait pas du sol plus meuble, ni du vent plus frais qui claquait contre sa peau. Le silence avait toujours été un intime ami de Mordred, il ne s'en offusquait plus. La brume enrobait les alentours d'un linceul blanc, les arbres étaient comme des statues de glace ternie, pétrifiés et sombre. Tout était humide sur les hauteurs, et il n'y avait pas âme qui vive dans cet ancien refuge Rohirrim. Il ferma un instant les yeux, laissant le froid engourdir ses os déjà tout gelés, et tenta de discerner les ombres, les alentours, mais ce n'était que des contours flous pour ses yeux trop humains. En d'autres circonstances, il aurait peut-être détesté ces températures : il était fils du soleil, avait grandi dans le sable et les fournaises désertiques. Lâchant un soupir rauque, le soldat finit par rejoindre son cheval Hastan. Flattant son encolure fraîche, il jeta un regard par dessus ses épaules.
Elle était là.
Éliann s'accordait parfaitement à ces paysages. Elle était belle. Parfois, elle semblait même si fragile aux yeux de l'Haradrim qu'il avait peur de la briser. Et puis elle finissait par lui prouver le contraire. Malgré les apparences, elle était à bien des égard beaucoup plus robuste que lui, et il aimait cette douceur contrastée dont elle se drapait. Combien de temps étaient-ils restés ensemble ? Il ne le savait pas. Il ne voulait simplement pas la quitter tout en sachant qu'il ne pouvait pas rester à ses côtés. Mordred ne s'éloignait jamais et l'avait toujours à l'oeil, comme si demeurait cette peur qu'on vienne le lui enlever, et c'était justement pour la garder à ses côtés qu'il se battait chaque jour avec sa propre conscience de général. Officiellement, ils étaient ennemis n'est-ce pas ? Il ne chérissait pourtant rien d'autre que leurs discours silencieux. Elle ne parlait jamais pour ne rien dire, et du reste, ils se comprenaient sans ça. C'était comme un lien intrinsèque. Quelque chose qu'ils ne pouvaient pas et ne devaient pas briser, dussent-ils s'exposer aux pires des situations. A pas lents, le brun s'approcha d'elle, et, sans la toucher, il s'arrêta à quelques pas de son dos.
J'espère que l'endroit te plaît. Lâcha t-il avec cette roideur feinte qu'il s’efforçait à prendre avec elle. Nous camperons ici pour la nuit. Sans un mot de plus, il lâcha le sac de cuir bouilli qu'il avait au préalable ôté de son cheval, s'agenouillant pour en saisir les effets. Leurs provisions étaient amoindries depuis ce jour où ils avaient été hébergées par une famille de paysans - le père était tenancier, aussi savaient-ils beaucoup de chose et Mordred avait préféré dormir dans les écuries. Malgré tout, on leur avait donné de gros morceaux de lard et du pain, du fromage et du lait de brebis. L'homme leur avait alors adressé un sourire qui vint illuminer son regard, et par Ungoliant, tous savait qu'il n'était pas un garçon souriant. Sortant la viande séchée, il s'efforça à allumer un maigre feu avec son briquet de pierre, et le seul éclat des flammes semblaient réchauffer un peu son âme. Quand nous arrivons à Edoras, Éliann, j'aimerais que tu y restes. Il ne la regardait pas, sachant pertinemment ses yeux posés sur lui, et qui le troublait plus qu'autre chose. Le roi saura t'offrir la sécurité, le temps que je m'absente. Il fit rôtir la charcuterie, tendant le dernier morceau de pain de seigle à l'elfe en prenant le soin d'avoir l'air de mauvaise foi Et au moins, je saurais où te retrouver. Il renifla dédaigneusement.
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Sujet: Re: world so cold Ϟ Éliann Ven 2 Mar - 16:55
Eliann & Mordred
World so cold
Des centaines de lieux, peut être même des plusieurs miliers. Éliann ne saurait pas vraiment le dire mais elle ne se serait jamais douté que la Terre du Milieu pouvait être aussi vaste, et belle… Déjà pour se rendre au point de départ de son étrange nouveau voyage, il lui avait fallu plusieurs jours pour y arriver et pourtant elle n’avait pas trainé en chemin. Et puis ce matin surprenant et inattendu, elle avait comblé sa solitude avec un solitaire, Mordred… Un humain bien curieux mais avec qui l’elfe n’avait pas besoin de parler pour se faire comprendre. En tout cas depuis ce jour, elle le suivait dans son errance. Deux âmes égarées et sans but aucun, au cœur d’un monde de plus en plus froid et austère, de ce qu’elle comprenait en tout cas de la politique et des bribes de conversation qu’elle avait entendu depuis son départ de la Lothlorien. D’ailleurs, Éliann n’avait jamais demandé la moindre information à ce sujet là à Mordred, ni sur aucun autre sujet par ailleurs. Moins elle en apprendrait sur lui, moins elle devrait en dévoiler sur elle. Pas qu’elle avait quelque chose à cacher mais elle n’avait pas non plus besoin de ressasser le passé. Mordred était devenu comme son fil rouge pour que son esprit et son âme n’aillent pas trop s’aventurer dans le monde des morts mais qu’elle reste bien dans celui des vivants.
Perchée sur un rocher, Éliann regardait l’horizon, du moins de ce qu’elle pouvait voir. Un brouillard opaque s’était levé et abattu sur les hauteurs du pays du Rohan, un pays de chevaux et de plaines d’après Mordred. Dans cette opacité fantomatique, Éliann essaya d’admirer la vue. Sa vision elfique l’aidant à voir plus loin que la moyenne, elle avait toutefois de la difficulté à bien discerner les choses. La nuit tombante n’aidant pas vraiment à y voir grand-chose. Ce temps lugubre, mitigé entre hiver printemps, les avait obligé à être prudent une bonne partie de la journée et à devoir trouver rapidement un abri pour la nuit. Toujours à regarder l’horizon, aussi statique qu’un arbre, l’elfe sentit alors une brise lui caressait doucement la joue parcourant sa peau, faisant virevolter très légèrement ses longues mèches brunes. Éliann ferma doucement les yeux, essayant de ressentir chaque élément, comme elle le faisait si souvent dans les bois illuminés de la Lothlorien. Elle avait l’impression de faire parti d’un tout, entre arbre et racine, feuille et herbe. Mais face à ces grands espaces typiques du Rohan, Éliann avait l’impression d’être un élément perturbateur, une intruse dans ces lieux. En entendant la voix d’une froideur dont l’elfe ne faisait plus attention, elle rouvrit alors doucement les yeux, découvrant de nouveau ce paysage flouté mais très certainement impressionnant en temps normal. La phrase de Mordred aurait pu susciter une réponse de la part de l’elfe mais elle n’en fit rien, elle savait pertinemment que cela ne servirait à rien. Elle l’entendit s’éloigner, lui disant qu’ils dormiraient ici.
Éliann fit alors demi-tour, lentement et avec grâce, comme chaque mouvement que faisait chaque membre de sa race. Elle regarda alors le visage fermé et impitoyable de l’homme du Sud. Ses mèches noires tombaient négligemment sur son visage et ses épaules Il dégageait une aura ténébreuse, sombre, particulière mais extrêmement… Éliann ne saurait le définir. A deux ils étaient le jour et la nuit, le soleil et la lune. Opposés mais complémentaires. Un bien étrange lien les retenait désormais, un lien qu’elle aurait dû mal à se défaire. L’elfe sortit de ses pensées et rejoignit alors doucement son compagnon qui s’affairait à préparer le repas. Elle s’assit doucement dans l’herbe, face à l’homme, ne le quittant pas des yeux. Les provisions étaient devenues maigres et même leur halte chez des paysans ne les avait que très peu aidés. Un bien étrange épisode de leur voyage d’ailleurs. Mordred qui se retrouvait à dormir dans les écuries, seul. Par bonté de cœur et d’âme, Éliann lui avait apporté une des couvertures que lui avait offert la famille ainsi qu’un bol de lait chaud, les nuits étaient fraîches à cette période d l’année. Mais leur départ, on leur avait donné de la nourriture et pour la première fois, elle avait alors vu Mordred sourire. Ce qui avait automatiquement fait sourire l’elfe à son tour. Son expression, son visage, étaient complètement transformés. Il dégageait pendant un très cours instant autre chose que de la froideur et de la haine. Une expression qui ne déplaisait pas à Éliann. Mais elle n’allait pas le retrouver rapidement et elle le savait. L’Harradrim sortit l’elfe de ses pensées lorsqu’il lui tendit alors le dernier morceau de pain. Les vivres allaient vraiment de mal en pis. Remarquant qu’il s’agissait du dernier, Éliann le coupa alors en deux pour donner la dernière moitié à son compagnon de route. Elle commençait à grignoter son repas tout en écoutant les projets de Mordred. La femme baissa alors la tête quand il lui expliqua que leurs chemins allaient se séparer. On aurait presque put dire une petite fille prise la main dans le sac. Il avait donc tout prévu pour elle. Même s’il comptait la retrouver, elle n’avait pas l’impression que Mordred s’intéressait beaucoup à Éliann. Elle hocha doucement la tête et prit enfin la parole.
« Ce qui est bien avec toi Mordred… C’est que tu fais les questions en même temps que les réponses… »
Elle avala alors un nouveau morceau de pain et regarda alors Mordred dans les yeux. Éliann n’avait pas prononcé cette phrase avec colère, ni ironie ni froideur. Elle n’avait dit d’une manière très détachée, comme elle le fait toujours et tout le temps. Mais dans cette aventure, c’était à croire que Mordred était le geôlier et Éliann la prisonnière. Avait-elle réellement un mot à dire ? Bien sûr, elle aurait pu se révolter et donner son avis contraire mais à quoi bon. Cela était complètement inutile et sans intérêt. D’ailleurs que pouvait dire d’intérêt maintenant que Mordred avait choisi pour elle ? Et puis le Rohan… Ca lui rappelait quelque chose, un nom qui raisonnait dans sa mémoire sans savoir à quoi le rattacher… Ca lui reviendrait surement durant son séjour improvisé. Éliann avala un peu d’eau et reprit alors la parole.
« Je sais bien que ça ne me regarde absolument pas… Mais que comptes-tu faire ? »
Sujet: Re: world so cold Ϟ Éliann Jeu 12 Avr - 1:21
De ses doigts gantés, il repoussa ses mèches crasseuses de devant ses yeux clairs. Mordred se rembrunit, visiblement mal à l'aise aux propos d'Éliann mais n'en laissa rien savoir, arquant seulement les sourcils. Il tripota vaguement ses bottes hautes avant de mordiller dans un morceau de viande séchée et sans saveur, puis haussa les épaules, et la réponse qu'il s'apprêtait à lui offrir vint se noyer dans sa gorge. Finalement, il ne dit rien et se contenta de passer sa main dans ses cheveux humides. Éliann n'avait rien à se reprocher et ce n'était pourtant pas faute d'avoir cherché le détail qui dérange, Mordred était l'incarnation même du silence et du taciturne. Quelque soit sa compagnie, c'était dans le mutisme qu'il se murait : on a beau marteler l'étain, on n'en fera jamais du fer. L'homme du sable finit de mastiquer jusqu'à la névralgie ce qui lui restait et, enfin, appesantit son regard sur l'Elfe. Malgré les semaines passées à chevaucher, leurs siestes sur les lichens aux creux des racines épaisses et boueuses ou sur la roche, Éliann restait cette créature enivrante de beauté, de cette douceur qui épongeait la colère sempiternelle qu'il s'efforçait de brider en sa présence. Un instant, le brun se sentit ciller, mais cette fois il ne détourna pas les yeux.
Pourquoi poses-tu des questions auxquelles tu ne veux pas de réponse ? Il s'humecta les lèvres doucement, et finit par se laisser bercer par le bruissement régulier de l'eau à moitié gelée qui ruisselait en une petite source à quelques pieds de là. Par un quelconque coup du sort, Mordred ne désirait pas officialiser ses activités à cette femme. Il sentirait le besoin intrinsèque de s'en justifier - nul envie, il restait attaché à ses valeurs, à son peuple, sa famille. Comme s'il avait peur de la décevoir, de ne pas être à la hauteur de ses attentes ( ce qui était simplement ridicule parce qu'ils n'étaient même pas amis ). Cela allait bien au delà de ça. D'ailleurs, ça allait au delà de tout, en ce qui la concernait. Le soldat ne saurait probablement jamais la nature de cette relation, mais l'on aurait tord de croire qu'elle lui passait au dessus. Était-ce de la fraternité, un sentiment de respect inspiré par la crainte, un point d'ancrage réciproque contre la solitude sur lequel ils se retranchaient ? Était-ce finalement de l'amitié ? De l'amour ? Il soupira. La seule chose que je suis en mesure de te promettre, c'est que je reviendrai te chercher. D'une façon ou d'une autre. Ce n'était pas un devoir, il n'était pas obligé de revenir pour elle. Mais voilà la parfaite illustration de leur relation : il ne pouvait pas songer à l'abandonner. Comme il se penchait pour souffler les braises, des flammes recommencèrent à lécher le bois et la lumière vive vint de nouveau éclairer leur visage. L'Haradrim éternua brusquement, clignant des yeux avant de resserrer la pelisse de fourrure épaisse autour de ses épaules. Tournant son visage vers l'aval de la colline où ils étaient tapis, Mordred observa. Sur l'eau noire et paresseuse flottait la lune, et il semblait presque que le brouillard se dispersait à travers les arbres. Ça ne l'empêchait pourtant pas de détester ce climat. Si seulement Éliann pouvait connaitre la douceur d'un après-midi chaud et sec, à paresser sur des coussins de soies et d'effluves suaves, tranquille et solitaire en écoutant le bruit familier à la ville, peut-être compatirait elle à la difficulté qu'il avait de s'habituer à des choses aussi anodines et banales que la pluie ou la brume.
Je veux malgré tout que tu saches à quoi t'en tenir, Éliann. Je n'ai pas la moindre envie de te laisser là bas, il m'est simplement impossible de t'emmener là où je me rends. Les muscles de ses joues roulèrent tandis qu'il serrait les dents à s'en péter la mâchoire. L'instant d'après, l'homme baissa les yeux sur ses mains sans rien ajouter de plus. C'était ce qu'il fallait qu'elle sache, voilà tout.
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Sujet: Re: world so cold Ϟ Éliann Jeu 3 Mai - 13:08
Eliann & Mordred
World so cold
La tension entre eux deux était plus que palpable. Pourtant on ne pourrait pas dire qu'ils ne savaient pas se supporter, ce n'était pas non plus un malaise qu'il y avait entre eux. C'était... Tout simplement indescriptible... Éliann ne trouvait pas de mot pour décrire ce qu'il pouvait y avoir entre elle et Mordred. Il n'y avait aucun mot. Comme au final il n'y avait pas réellement de relation entre eux. Que ce soit amical ou autre chose. Les deux voyageurs se complaisaient ensemble dans cette absence de relation, de savoir ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Et puis à quoi bon le savoir puisqu’à près tout ils n’étaient rien. Leur rencontre fortuite et le voyage qu’ils réalisaient ensemble ne les avaient pas liés pour autant. Ils étaient et resteraient peut être même sans doute des étrangers. A cette idée, Éliann se surprit à avoir le cœur lourd et la gorge serrée. Pourquoi ressentait-elle ça, une sorte de vide à l’idée qu’un jour Mordred et elle ne se verraient plus, qu’ils ne voyageraient plus à deux, que leur interminable silence qui pouvait insinuer tant de choses ? Tout devait avoir une fin, l’elfe le savait très bien, elle n’avait pas le choix. Mais elle ne s’attendait pas non plus à ce que Mordred s’en aille comme ça, la laissant seule dans un royaume qu’elle ne connaissait pas. En même temps puisqu’ils n’étaient rien, il n’y avait aucune raison pour qu’ils restent éternellement ensemble. Éliann devrait s’en faire une raison tout de suite, au moins elle savait ce qui allait se passer, elle pouvait se préparer au moment fatidique. Elle ne serait pas devant le fait accompli comme cela.
Discrètement, Éliann observait Mordred tout en grignotant son morceau de pain. Il avait toujours son air dédaigneux, distant. Une véritable carapace, une muraille infranchissable. L’homme du sud était un véritable mur de glace, il ne laissait entrevoir aucun sentiment, aucune expression, si ce n’est celui du dégoût, du détachement total au monde qui l’entoure, à celle qui se tenait à ses côtés. Cette dernière faisait comme si elle se fichait de l’attitude de son compagnon, elle n’avait pas à s’en mêler mais au fond d’elle, c’était loin d’être le cas. Elle aurait plutôt apprécié de le voir moins sur la défensive, plus détendu mais elle n’y pouvait pas grand-chose. Éliann détailla rapidement son (non) ami. Il avait l’air complètement fatigué, presque à bout de nerfs. Ses mèches noires tombées nonchalamment sur son visage aux traits durcis par la fatigue. Tout le temps qu’Éliann prit pour l’observer, Mordred restait de marbre, complètement impassible, bien qu’il semblait surtout distrait, ses pensées étaient occupées par elle ne savait quelle raison. Et cela, comme tout le reste, ne la regardait pas, elle le savait pertinemment, la façon dont il lui avait répondu était une preuve amplement suffisante. Éliann abandonna quelques instants son quignon de pain pour boire un peu d’eau. Elle détacha son regard de son compagnon pour observer le paysage. Enfin ce qui aurait dû en un. Le brouillard ne semblait pas vouloir se lever et révéler ce qu’il se donnait tant de mal à cacher. Il gardait jalousement ces lieux, ne souhaitant sûrement pas que n’importe qui puisse les découvrir et ne pas apprécier ce qu’il pourrait voir. Lorsqu’Éliann plongeait son regard dans cette opacité fantomatique, elle avait la sensation de se retrouver dans les yeux de Mordred. Tout comme ce brouillard, l’esprit de l’homme était infranchissable, opaque. Ses yeux ne laissaient place à aucune émotion, à aucun sentiment. Par moment, Éliann avait la douloureuse sensation de se retrouver face à Lòmion. Lorsqu’il était revenu de ses batailles, lorsqu’il n’était plus qu’un fantôme de lui-même, une ombre parmi la lumière. La ressemblance entre eux était frappante, au fil du temps passé avec Mordred, elle ne pouvait que voir Lòmion à travers son compagnon. A croire qu’elle attirait les personnes distantes et à l’esprit toujours ailleurs. Ou alors c’était elle qui était attirée par eux… Éliann ne préféra même pas imaginer la réponse à cette question, elle n’en avait pas besoin. Et elle chassa le plus rapidement possible cette pensée de son esprit.
L’elfe reporta alors son intention sur son compagnon lorsqu’il reprit la parole, lui expliquant qu’il ne pouvait expliquer. C’était sans réelle surprise, elle s’attendait bien à ce que Mordred ne lui dise rien mais sa façon de lui expliquait la rassurer un peu. Même si son ton sec, froid, complètement neutre, les paroles prononcées lui faisaient comme un baume au cœur. Une contradiction bien étrange mais Éliann ne préféra même pas savoir pourquoi. Elle mastiqua un nouveau morceau de pain et cessa d’harceler Mordred du regard. Depuis tout à l’heure, elle ne faisait que de le regarder. Elle imagina alors l’embarras qu’il devait avoir à être observer de manière aussi intense. Elle reporta alors son intention sur leurs maigres provisions et repas de Mordred. Elle ne savait pas combien de temps ils pourraient encore durer mais elle imagina aisément que dans très peu de temps, ils seraient à cour de nourriture. Éliann mit alors son pain de côté et se leva en direction de la selle posée à côté de Sindar, son cheval. Dans une des sacoches, l’elfe sortit une grande feuille entortillée puis elle revint vers son compagnon. A l’intérieur de la feuille, il y avait des morceaux de biscuits clairs qu’elle tendit à Mordred.
« Du lembas. J’en avais pris avec moi au cas où mes provisions seraient amoindries… Une bouchée suffit à rassasier quelqu’un. »
Pour inciter Mordred à lui faire confiance en matière de nourriture elfique, Éliann prit une bouchée de lembas. Connaissant les bienfaits de ce pain, l’estomac capricieux d’Éliann commença alors à mettre doucement un terme à son raffut intérieur. L’elfe espéra que ce qu’elle avait proposé à Mordred lui suffirait, au moins pour ce soir. Durant le repas, Mordred avait expliqué son choix de laisser Éliann. Elle ne lui avait toujours pas répondu, préférant aller chercher du pain elfique plutôt qu’affronter le choix de l’homme. Cependant elle ne pouvait pas le laisser comme ça, sans réponse. Bien qu’aucune des paroles de Mordred n’induisait une réponse de la part de l’elfe, elle sentait qu’elle devait tout de même lui parler, lui répondre quelque chose. De sa voix la plus douce et la plus réconfortante, l’elfe prit alors la parole.
« Si tu désires rien me dire je comprends. Tu ne me dois rien. Je comprends et respecte ton choix. », puis elle ajouta, « Je pourrais en profiter pour en apprendre davantage sur ce pays. Jusqu’à ce que… tu reviennes... »