Lorelei est née en été dans une ferme du Rohan, isolée des grands villages. Malgré la chaleur et le soleil tapant, l'épouse Loth mis au monde le bébé sans trop de difficulté. Heureusement, car les moyens ici étaient rare, voire totalement inexistant. La seule personne capable d'aider à l'accouchement se trouvait à plusieurs kilomètres. Le temps d'y être et d'expliquer la situation, la mère serait déjà morte de fatigue et de saignements. Le corps brûlant, les joues rouges, la sueur goûtant sur les draps blancs, la maîtresse des lieux fut heureuse d'avoir enfin mise au monde une fille. Les cinq derniers enfants s'étaient être des garçons. L'héritage était certes assuré, mais le partage des biens sera certainement problématique. Alors qu'une fille, ça n'avait besoin d'aucun héritage, pas même une dot. Ici, dans ces déserts du Royaume de Rohan, on mariait les filles avec l'homme qu'elles jugeaient être le plus forts. Ou bien, à un certain âge, on se chargeait de leurs fiançailles à leur place, car une vieille fille est mal vu par la communauté.

L'enfance de Lorelei ne fut guère palpitante. Dernière d'une colonie, elle sut rapidement faire entendre sa voix. Ces cinq la cachaient beaucoup des yeux de sa mère et de son père. Ces derniers ne rapportèrent guère d'attention à leur fille benjamine. C'est ainsi que Lorelei apprit à remplir ses longues journées. Elle s'est beaucoup ennuyée et puis elle s'est prise en main. Elle est allée dans le village le plus près à l'âge de 8 ans. Ses parents n'avaient même pas remarqué sa "disparition". Il faut dire qu'il y avait du travail à la ferme. Lorsque les Loth ne vendaient pas leurs produits au marché, ils entretenaient les animaux, semaient des graines ou labouraient les champs. La maison avait toujours besoin d'une ou deux réparations. Bref, la famille n'arrêtait pas de travailler, excepté Lorelei.
C'est à 17 ans à peine qu'elle fut spectatrice d'une scène qu'elle n'oubliera jamais. Alors qu'elle se promenait dans le village des environs, elle s'arrêta près de la forge. Le feu brûlait, les outils étaient posés, tout paraissait en ordre. Mais l'artisan n'était pas là. De son habituelle curiosité, elle alla le chercher. Elle le trouva quelque peu occupé avec une femme. Celle-ci semblait se débattre sous l'emprise du jeune forgeron. Elle essayait de crier, Lorelei le savait. Mais une main musclée l'empêcher de produire le moindre son. Le jeune homme paraissait comme possédé. Notre paysanne, les yeux grands ouverts, rougit jusqu'à la racine de ses oreilles. Elle assistait à une scène normalement privée et totalement interdite. Car le jeune forgeron n'était pas marié. Elle retenue un hoquet. Leurs yeux se croisèrent. Son indiscrétion l'avait trahit. Lorelei s'enfuit et courut jusqu'à la ferme de ses parents et s'enfouit dans son lit, les draps la recouvrant totalement. Elle avait peur de cet homme. Des questions fusèrent dans son esprit, cette nuit. Les hommes étaient-ils censés se comporter de cette façon envers les femmes ? La scène la répugnait, la révoltait même. Jamais elle n'avait été témoin d'une telle violence volontaire.

Tout bascula le jour où le jeune forgeron demanda audience au père de Lorelei. Dès lors qu'elle le vis entrer dans leur humble demeure, elle alla se cacher à l'étage supérieur, craignant de se retrouver dans le filet du jeune homme. Lorelei ignora jusqu'au soir que le forgeron du village d’à côté l'avait demandé en mariage. Au son de ce mot, tous ses muscles se raidirent et un malaise s'empara d'elle. Pâle comme un mort, l'adolescente de 18 ans ne put prononcer un mot. Pourquoi ? Parce qu'il l'avait vu l'épier. Avait-il peur qu'elle cris sur tous les toits ce qu'il avait fait subir à cette femme ? Apparemment... elle devait savoir trop de choses pour qu'il la laisse libre. Il avait donc décidé de l'emprisonner sous les liens du mariage. Lorelei trembla comme une feuille lorsqu'elle s'imagina être la femme d'un tel monstre. Il lui ferait subir les pires choses. Il pouvait la tuer même... Voici le pourquoi et le comment de la fuite de Lorelei. La peur est un stimulant des plus surprenants. Ses parents, flattés d'une telle demande, n'hésitèrent pas à accepter. Lorelei fut trop choquée pour pouvoir prendre position. Mais, un mois plus tard, elle avait tout préparé. Elle était prête à partir, loin d'ici. Elle allait courir, marcher, puis chevaucher loin de ce village maudit.

A cet instant, Lorelei traverse les bois, les champs et les montagnes pour rejoindre un lieu dont elle a entendu parlé pendant ses premiers jours de fuite : le Gondor. On disait ce pays merveilleux, plongé dans une lumière pure et puissante. On disait ce Royaume des Hommes indestructible. Le Gondor vaincra! Elle s'était renseignée auprès d'autres voyageurs. Sauron se renforçait à l'Est. On disait qu'une armée était en train de se construire derrière les montagnes du Mordor. Lorelei n'avait entendu que très peu ce nom. Elle n'était pas instruite pour savoir ce qu'il signifiait, peut-être une chance pour certain partisan de Sauron d'en faire un soldat du Mordor.